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Les Frenchies Fans de George Clooney
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28 octobre 2010

The American la critique de Pierre Murat dans Télérama

De George Clooney, qu'on avait pris l'habitude, ces dernières années, de voir vendre du café et d'imiter - plutôt bien - Cary Grant, le photographe cinéaste Anton Corbijn fait une sorte d'épure. Un corps noueux, tendu à l'extrême. Une belle et puissante mécanique... Lui-même change totalement de style : son premier long métrage, Control, évocation de la courte vie d'Ian Curtis, leader du groupe Joy Division, était une méditation sophistiquée, en noir et blanc - un camaïeu de gris, plutôt - dont la rigueur géométrique, opposée à la mouvance du héros, créait une sourde et permanente angoisse.

On ne sait trop ce que vaut le roman (A ­very private gentleman, de Martin Booth) qui a inspiré le cinéaste pour ce film, sinon qu'il semble jouer sur le déjà-vu. Tueur en bout de course, traîtres chargés de l'abattre, prostituée soudain amoureuse : tout y est ! C'est, d'ailleurs, ce qui a dû amuser Anton Corbijn : s'approprier ces clichés pour les détourner légèrement. Dans des mélos comme Bobby Deerfield ou L'Ombre d'un soupçon, Sydney Pollack ­faisait ça très bien : retrouver le lyrisme du suranné, au moyen de la cinéphilie. Dans The American, le dénouement rappelle Quand la ville dort, de John Huston. La commanditaire, tantôt blonde, tantôt brune, tantôt rousse (sensualité + danger) ne déparerait pas un vieux film de Robert Aldrich. Et le très improbable curé italien qui confesse ses fautes passées à un type qu'il soupçonne d'avoir quelques péchés sur la conscience semble sorti d'un mélo de Douglas Sirk, années 1950.

C'est dire que les péripéties, ici, importent moins que ce qu'elles cachent. Anton ­Corbijn filme longuement, avec précision, les moments où le héros monte et démonte objets et sentiments. Une arme. Ou un amour. Les scènes sexuelles sont, d'ailleurs, aussi pointillistes (et troublantes) que les scènes d'action : George Clooney s'y adonne avec une méticulosité de pro. Jusqu'à ce qu'une faille s'infiltre en lui, bien sûr, au point de le faire dérailler... Le film repose, donc, sur un dispositif séduisant : un cinéaste et son personnage ­faisant chacun leur cinéma, l'un observant l'autre en train de mettre en scène sa vie. Et sa mort...

PS: il a un article dans le prochain ParisMatch  sur Anton Corbijn  "Anton Corbijn caméra rock "

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Commentaires
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également interview de Corbjin par Télérama :<br /> http://www.telerama.fr/cinema/anton-corbijn,61862.php
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